(...) En ce mois de juillet 1980, chaud et agréable, nous n’irons pas bien loin en compagnie de Yacine, car Yakouren était notre destination, ce beau village de Kabylie en bordure de la fameuse forêt de chêne liège portant le même nom. Nous étions attendus...
Dites Qui livra Alger aux bellâtres Qui exposa le front des cireurs Aux gangsters efféminés de Chicago Qui transforma en femmes de ménage Les descendantes de la Kahéna? Et vous natifs d’Alger dont le sang Craint toujours de se mêler au nôtre Vous qui...
Avant les questions évidemment, il faut peut-être une petite introduction. L'introduction, je crois, est toute trouvée. Comme par hasard aujourd'hui même (28 novembre 1986) à Paris et hier à Constantine, à Sétif, les étudiants ont manifesté presque en...
J'ai visité Des villes venteuses Où les vieillards Mouraient d'amour Des villes écrasantes Dont les habitants craquaient Entre les murs. Des villes comblées De voyous qui respiraient Par de larges cicatrices Comme des poissons Le ciel ouvert à la figure......
Les grandes espérances Le moment est venu où, de la quantité des ouvrages parus depuis l’indépendance, se dégage une qualité. Ce livre se lit d’un trait, aussi aisément qu’un roman d’aventures Brahim, le personnage derrière lequel se tient le narrateur,...
En souvenir de celle qui me donna le jourLa rose noire de l’hôpitalOù Frantz Fanon reçut son étoileEn plein frontPour lui et pour ma mèreLa rose noire de l’hôpitalLa rose qui descendit de son rosierEt prit la fuiteA nos yeux s’enlaidissant par principeRoulée...
Aux femmes, aux jeunes filles de l’Algérie nouvelle, A toutes les fleurs vivantes de notre pays Après les journées et les nuits d’Octobre, alors qu’on pose les fondations du grand Maghreb de nos ancêtres, un spectre hante nos débats : c’est l’image d’une...
Jeune fille de ma tribu Fadhma Aïth Mansour Amrouche, l’auteur des lignes qu’on va lire, ne saurait mieux être présentée que par son propre fils, Jean Amrouche, qui la devança dans la mort ; il fut en quelque sorte le torrent précurseur de cette source...
Lorsque je vins à Paris pour la première fois, en 1947, jeune poète algérien à la recherche d'un éditeur, j'eus pour mécène inattendu un émigré de Kabylie, homme squelettique de haute taille, à la barbe blanche en broussaille. Il avait épousé, lui, l'exilé...
L’Astre glorifiant El Alia, au-delà des ruines tombales A l’entrée du cimetière, une silhouette gracile Papillonne les épitaphes une à une. Le soleil déclinait ses derniers coups d’éclats. La silhouette gracile virevoltait autour des sépultures, quand...
Les machines lieuses sont entrées en action. Le battage commence. Un savant tintamarre éloigne les sauterelles. C’est déjà la moisson, et ses bilans problématiques. Enfin la terre a parlé. Les marchands s’impatientent. Les chiffres pleuvent. Faites vos...
Fallait pas partir. Si j'étais resté au collège, ils ne m'auraient pas arrêté.Je serais encore étudiant, pas manoeuvre, et je ne serais pas enfermé une seconde fois, pour un coup de tête.Fallait rester au collège, comme disait le chef de district.Fallait...
" Ici est la rue des Vandales. C’est une rue d’Alger ou de Constantine, de Sétif ou de Guelma, de Tunis ou de Casablanca. L’espace manque pour montrer dans toutes ses perspectives la rue des mendiants et des éclopés, pour entendre les appels des vierges...
Il marche dans nos rêves L'homme aux sandales de caoutchouc L'homme de l'ombre et de la grève L'homme qui ne dort pas beaucoup Il marche dans nos rêves Le balayeur et le stratège Le paria au front si haut L'homme qu'on appelle l'oncle Ho Ho Chi-Minh,...
Entrent deux paysans. PREMIER PAYSAN : Le feu, toujours le feu ! SECOND PAYSAN : Sang et poussière Feu et flammes Sur la terre libre d’Amazigh ! PREMIER PAYSAN : Où irons-nous Si toute la terre brûle ? Entre Dihya. Elle s’adresse aux paysans. DIHYA :...
FLEUR DE POUSSIÈRE A la mémoire de Jean Amrouche. Il aurait voulu voir — il pouvait se lever, aller jusqu'à l'armoire à glace, mais il n'aurait pas la force de se retourner pardessus cette épaule — ou, à défaut de voir toucher, oui, mesurer la blessure...
Jardin parmi les flammes … Vingt-cinq ans sont passés. Je suis au Caire. Un rédacteur du journal Al Ahram me tend une revue : un poète libanais achève de me traduire dans ma langue maternelle, et c’est à peine si j’arrive à déchiffrer mon nom ! Les ancêtres...
Le sculpteur de squelettes Un chasseur, paysan de Kabylie, avait offert à mon père un jeune oiseau de proie arraché à sa mère. Je me souviens toujours du paysan entrouvant son burnous au tourbillon vivant qui se jeta furieusement contre les barreaux de...
Les enfants de la Kahina « Démystification de l’homme. S’affranchir du mythe de la mort. L’homme n’est que matière vivante. Une fois mort, il redevient terre. » Ces mots sont tirés de notes manuscrites, qui résument une conversation à bâtons rompus avec...
Il n'y a pas longtemps, je me suis retrouvé dans un taxi à Tizi-Ouzou, le taxieur fort sympathique, voyant que je n'étais pas de la région me demanda si j'étais kabyle: - Non, je suis Amazigh. - Donc vous êtes kabyle. - Non je ne suis pas Kabyle Le taxieur...
« Le poète est au cœur du monde » dit Hölderlin. Pour être au cœur du monde, encore faut-il qu’il soit au cœur du peuple qui est le sien. Il faut que celui-ci se reconnaisse en lui. Ce lien ombilical, rien ne l’illustre mieux que le soulèvement de Tizi-Ouzou...
Q u'est-ce que l'indépendance ? Par K ateb Y acine Je viens de découvrir, dans le numéro 11 de la revue Tafsut de Tizi-ouzou, la photocopie d’un article du Monde daté du 21 décembre 1985, à propos du procès des patriotes à Médéa: “La défense avait cité...
En janvier 1948, Kateb Yacine adresse à Gabriel Audisio une longue lettre dactylographiée, qui se présente comme un curriculum vitae : Cher Ami, À l’instant, je me souviens que vous m’aviez le jour de mon départ demandé de vous envoyer quelques détails...
La Colline oubliée m’a enthousiasmé dès sa parution. Ce roman « amour » suffirait à situer son auteur comme un grand écrivain, en Algérie et dans le monde. Je lui exprimai mon admiration lors d’une première rencontre à Paris. Nous ne nous sommes revus...
"(...) A la télévision il y a une chose terrible, vraiment terrible et indigne de notre pays: c'est la censure. La censure qui l'a saisie est telle que si on prenait tous les morceaux qui ont été censurés, on aboutirait à l'anthologie algérienne qui n'a...